6.1 - Asie et réunion de Jérusalem (Ac 13 à 15)

Après le résumé en 12.24, On entre dans la 6eme partie du livre des Actes. On arrive à la partie des Actes qui se concentre sur la mission de Paul qu'on retrouve à Antioche après qu'il soit allé à Jérusalem pour y apporter une collecte (11.27-30 et 12.25)


Le récit de Luc est compliqué d'un point de vue chronologique : il est très difficile de donner des certitudes quant à la corrélation entre les Actes et les lettres de Paul. Par contre il est facile à suivre d'un point de vue littéraire et spirituel (c'est le but de Luc) : l'évangile ne s'arrêtera pas. C'est pourquoi les Actes suggèrent tellement l'évangélisation.


Actes 12.25 à 16.5 – Asie

L'Église de Jérusalem avait des apôtres et des anciens ;
l'Église d'Antioche a des prophètes et des docteurs : différence de culture !


Ils célèbrent le culte (leitourgeo = ils servaient publiquement ; liturgie = le service publique ??) et jeûnent


Ac 13.4-12 - Séjour à Chypre

Barnabas est nommé en 1er au début ; par la suite ce sera l'inverse. Sauf en Ac 15 ou Barnabas reste 1er.
Avec Jean-Marc, ils partent à Chypre, terre natale de Barnabas (Ac 4.36).

Barnabas et Saul sont envoyés par le Saint-Esprit (= apôtres du Saint Esprit ; Ac 13.4). A Chypre se déroule l'épisode du magicien Elymas, et le proconsul Sergius Paulus devint croyant.


Les parallèles entre Pierre et Paul1 :

A Chypre Paul reprend Bar-Jésus-Elymas à la manière de Pierre avec Simon le Magicien (Ac 8.20-23).

 

PIERRE

PAUL

9.32

Ils voyagent

13.4

2.14-40

Ils ont des sermons rapportés

13.16-42

2.14-40

Ils prêchent devant le peuple de Jérusalem

21.27,40

10.25-26

Ils ne veulent pas qu'on les adorent

14.11-15

10.48

Ils convertissent des notables

13.12

8.9

Ils luttent contre des puissances spirituelles

13.6-12

3.2, 9.34

Ils guérissent un infirme né (mêmes mots pour décrire l'infirme)

14.8

12.11

Ils se retrouvent en prison et son délivrés miraculeusement

16.26

9.36-43

Ils ressuscitent des morts

20.7-12

5.1-11

Ils font des miracles de jugement

13.6-11

5.15

Ils faisaient des miracles

19.11-12

Ac 5.17

Ils provoquent la jalousie des Juifs

13.45

8.18-23

Ils s'opposent aux pratiques occultes et magiques

13.9, 19.19

10.9-20

Ils ont tout deux eu des visions de Dieu

16.9-10, 18.9-10, 26.12-19

10.19-20

Le Saint-Esprit leur a parlé

20.22-23

Ils font l'objet d'un appel spécifique : Pierre auprès des Juifs, Paul auprès des païens (Gal 2.7).


Il y a une volonté délibérée de Luc de montrer que les hommes spirituels se conforment
- à Jésus (rappelez vous les parallèles entre Étienne et Jésus, Paul et Jésus lors de son procès --> Classe 7)
- et les uns aux autres (Paul et Pierre, Paul et Étienne,).
Il s'agit d'une insistance de la part de Luc et de l'Esprit sur certains traits de ces deux hommes, pour deux raisons principales :
- Donner une autorité à Paul
- Poser la question au lecteur des Actes (dont nous faisons partie) : à qui est-ce que je ressemble d'un point de vue spirituel ?


Ac 13.13-52 - Départ pour Pergé et Antioche de Pisidie en Asie Mineure

Paul devient le dirigeant de l’expédition à partir de ce moment, comme l’indique l’ordre dans lequel sont cités les noms au v.13. Jean Marc retourne à Jérusalem (pas à Antioche de Syrie) car sa mère y habitait (Ac 12.12).


Paul et Barnabas ne s'arrêtent pas à Pergé pour prêcher :
- soit parce que Paul est malade (Gal 4.13 ?)
- soit parce que leur but est Antioche de Pisidie : ville importante de Phrygie, centre militaire important.

Mais ils s'y arrêteront au retour (14.25).


Dans les synagogues, le Pentateuque était lu selon une séquence annuelle, et les Prophètes étaient lus en fonction de leur relation avec le passage du Pentateuque en question (v15 et 27).


Toujours le modèle : d'abord la synagogue (13.16-41) puis les gentils 13.46 comme à Chypre en 13.5.

Ce fut le modèle le plus efficace à l'époque. Aujourd'hui on ne peut l'appliquer littéralement. Mais il nous faut aussi réfléchir au modèle le plus efficace en tant qu'Église missionnaire, mais aussi du point de vue d'une stratégie personnelle pour mon quartier, mes voisins... Comment trouver l'occasion d'être écouté dans ce monde où l'on ne jure que par la laïcité ?


Le discours de Paul, ressemble à celui de Pierre en Ac 2 : Discours centré sur Jésus, destiné aux Juifs, (l’accent est mis sur les prophéties messianiques et leur accomplissement en Jésus). Il insiste sur la résurrection (bonne nouvelle v32) et la justification des manquements à la loi de Moïse (Ac 13.37-39). Certains ont accusé Luc de faire passer à travers les discours de Pierre et Paul ses propres idées. Mais la comparaison avec les lettres de Pierre, et Paul des discours composés par Luc montrent une pensée sur Jésus en harmonie. Luc est fidèle à l'esprit des piliers de l'Église. Par exemple : Luc fait dire à Paul les versets 38-39 qui résument de tout le discours. Il utilise deux fois le mot « justifié », concept central de la théologie de Paul (en particulier de l'épître aux romains).


Ac 13.47 Rappel des prophéties sur les nations : Paul (et Luc) ne perd(ent) pas le but = les extrémités de la terre. Aujourd'hui, quel est notre but ? Avons nous toujours des ambitions pour proclamer la Parole ? Cf Mt 28.18-202


L'hostilité des juifs à Antioche de Pisidie, contraint Paul et Barnabas à se rendre à Iconium en secouant contre eux la poussière de leurs pieds. Ce qui montre l'obéissance à l'Esprit de Jésus : Luc 9.5 (...) partout où les gens ne vous reçoivent pas, en sortant de cette ville, secouez la poussière de vos pieds en témoignage contre eux.
Les juifs contredisaient Paul avec des calomnies = ils ne savaient pas comment le contredire : « Les insultes sont les raisons de ceux qui ont tort » (Coluche). Paul et Barnabas sont malgré tout remplis de Joie et d'Esprit Saint (Ac 13.52) ce qui fait penser à la mise en pratique des béatitudes notamment Mt 5.10-12.


Ac 14.1-28 - Iconium, Derbé, Lystre

14.1-2 A Iconium, ils commencent « aussi » par la synagogue.

14.3 Ils prolongèrent longtemps leur séjour malgré la malveillance.

14.4-5 Ils divisent la ville en deux opinions opposées (Mt10.34-35 Je suis venu mettre la division... Hb 4.12)

14.6 même message, même réaction ils sont persécutés et doivent partir : Passion, Prédication, Persécution3 = l'ordre logique (Mt 5.10-12)

14.8-18 A Lystre, un infirme est guérit par Paul = comme Pierre en Ac 3. Barnabas et Paul sont alors considérés comme des dieux : Barnabas comme le dieu des dieux (Zeus) et Paul comme le porte parole des dieux (Hermès). Car c'est Paul qui prêchait. Or il y avait une légende4 qui disait que Zeus5 et Hermès étaient déjà venus à Lystre sous forme déguisée et que personne ne leur avait offert l'hospitalité sauf deux paysans pauvres : Philemon et Baucis. Toute la population fut ravagée et seuls Philémon et Baucis restèrent vivant. Zeus les remercia en leur donnant comme rôle de garder le temple de Lystre. Quand ils moururent (ensemble), ils devinrent 2 arbres magnifiques (Philémon un chêne et Baucis un tilleul). mêlant leurs feuillages. Les habitants de Lystre ne voulaient pas recommencer la même erreur !


Cette histoire montre que le monde grec que veut évangéliser Paul est différent du monde juif de Jérusalem. Et la prédication de Paul est donc différente. Au lieu de commencer par les écritures et l'histoire du peuple juif (comme Pierre, Etienne ou lui-même auparavant cf Ac 13), il commence par les éléments de la nature (14.15). Or la religion grecque était basée sur la nature : chaque élément avait son dieu6.


14.19-20 La persécution des juifs les poursuit. --> sur la lapidation de Paul, le texte occidental dit : Ses disciples l'entourèrent, et la foule partit. Le soir venu, il se leva avec difficulté et entra dans la ville.

14.21-26 Ils reviennent cependant sur leurs pas

- pour affermir (mot qui veut aussi dire confirmer) les disciples qui sont restés après leur prédication.

- et pour établir des responsables : Pr 11.14 Quand les directives font défaut, le peuple tombe ...


14.27-28 Retour à Antioche et séjour long = pour se refaire une santé spirituelle ?

Le premier voyage a dû durer 1 ou 2 ans entre 47 et 48 ou 49


Actes 15.1-35 – la rencontre de Jérusalem

Ac 15.1-3 - Une nouvelle menace sur la koinonia.

Quand un nombre significatif de non-juifs commencèrent à être convertis à Antioche, l'église de Jérusalem y envoya Barnabas (Ac 11.19-22), Certainement pour qu'il remette un peu d'ordre dans cette communauté. Mais au lieu de cela, il a encouragé les pratiques des hellénistes. Et Saul, pourtant pharisien n'a fait que le soutenir (Ac 11.25-26) : ce que Paul et Barnabas faisaient à Antioche et même au delà déplaisait aux disciples juifs conservateurs. Ceux-ci décident d'aller enseigner à Antioche7 que le salut8 (donc question importante) passe par la circoncision aussi (15.1).


Littéralement « des prises de positions et des raisonnements pas minimes »9 commencent à Antioche et vont devoir se terminer à Jérusalem, l'Église mère, l'Église des apôtres (qui s'est dotée d'anciens (11.30) en plus des apôtres qui vraisemblablement n'étaient pas forcément toujours présents) - (15.2).


Ac 15.4-6 – Circoncision ET loi de Moïse

La circoncision remonte à Abraham10: en Gn 17.10-15 Dieu donne à Abraham l'alliance de la circoncision. C'est ainsi qu'Étienne l'appelle dans son discours (Ac 7.8). Discours que connaît Paul.

Si Jésus n'a pas explicitement donné de directives sur la circoncision (contrairement aux Sabbat et à la nourriture), néanmoins il explique lui même que l'alliance par son sang est une nouvelle alliance (Lc 22.20 De même il prit la coupe, après le repas, et la leur donna, en disant : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous). La question est donc la suivante : cette nouvelle alliance remplace-t-elle celle d'Abraham, ou bien s'y superpose-t-elle ?


Si à Antioche les pharisiens conservateurs avaient soulevé le problème de la circoncision (15.1), ils ajoutent ici (15.5) l'observation de la loi de Moïse (qui relève d'une autre alliance, celle du Sinaï).


Laquestion devient alore encore plus complexe : cette nouvelle alliance remplace-t-elle celle d'Abraham, ou bien s'y superpose-t-elle comme la loi de Moïse se superpose à celle d'Abraham ? Jésus n'a pas donné la réponse. L'Esprit va le faire.


Les apôtres et les anciens se rassemblent pour examiner cette affaire – (15.6).

Les apôtres prennent soin de régler les problèmes internes de grande importance (cf Ac 6, et 11).

Les anciens seront les successeurs des apôtres pour ce qui concerne les problèmes internes à l'Église11.


Ac 15.14 - Simon

Étant donné le contexte, Jacques préfère utiliser le nom juif de Pierre. Pour ne pas envenimer les choses.


Ac 15.7-30 – Les 4 pôles du débat

On a quatre pôles dans ce débat :

 

1- Les pharisiens conservateurs qui enseignent que la circoncision est essentielle au salut. Leur raisonnement est le suivant : l'alliance scellée par le sang de Jésus passe par celles scellées avec Abraham et Moïse ; selon ce point de vue effectivement il est logique que le salut passe par la circoncision12.

Les pharisiens s'appuient sur la loi de Moïse, mais ils l'utilisent d'une manière orienté sur la performance religieuse (lire dans ce contexte la position de Paul en Phil 3.1-8). Car ils n'ont pas l'ouverture d'Esprit qu'apporte l'expérience. Ils ne sont peut-être jamais sortis de leur pays et ils n'ont que très peu de contact avec le reste du monde qu'ils considèrent impur. Certains sont des faux frères (Gal 2.4 ; 3.1 : qui ..?13).


2- Les « pétriniens » : Pierre fait une déclaration selon laquelle c'est par grâce qu'on obtient le salut, et par la foi qu'on purifie le cœur, pas par la circoncision (il n'a pas circoncit Corneille) ni par la loi qui représente un joug impossible à supporter, même pour les juifs. Pierre argumente à partir de son expérience spirituelle.

Pas de circoncision (Pierre n'a pas circoncit Corneille), pas de séparation d'ordre théologique (notamment alimentaire), mais d'ordre pratique (cf Ac 6, les hébreux et les grecs...). Pierre se rapproche de Paul en théorie, et de Jacques en pratique, d'où le conflit décrit en Galates 2.11.


3- Les « pauliniens »14 : pour lesquels, l'alliance scellée par le sang de Jésus remplace celle scellée avec Abraham (cf toute la lettre aux Galates, spécialement chapitres 3 et 4). Ainsi les dispositions législatives de la Torah ne s'appliquent plus à la lettre, mais selon l'Esprit (Rm 2.29, 7.6, 2Cor 3.6). Paul et Barnabas s'appuient sur l'expérience15 : ils ont convertit des gentils : cf Ac 15.9, 11.

Mais alors que Pierre a inclut des gentils dans l'Église, Paul et Barnabas ont établi des églises à majorité de Gentils.


4- Les « jacobiens » : Jacques, frère du Seigneur, ancien dans l'Eglise de Jérusalem (Ac 21.18) apôtre selon 1Cor 15.7 jouissait d'un grand prestige. Pour lui :
- l'alliance scellée par le sang de Jésus passe par celle scellée avec Abraham pour les juifs d'origine,
- mais pour les gentils, elle s'ajoute à celle scellée avec Noé
16 qui n'inclue pas la circoncision, mais diverses dispositions applicables dans l'Ancien Testament aux étrangers en Israël.
Pour Jacques ces dispositions visent à
permettre la koïnonia entre gentils et judéo-chrétiens.

Jacques s'appuie sur les écritures (Moïse qu'on prêche) mais dans un sens plus large que les pharisiens.

Il a certainement retenu la leçon de son grand frère quelques années plus tôt qui accusait les pharisiens d'annuler la parole de Dieu au profit de leur tradition (Mc 7.1-13). Il se rappelle des écritures qui prédisent l'entrée des nations dans le royaume de Dieu. Et il en cite une (Amos 9.11-12) particulièrement intéressante qui explique que la nation juive (la tente relevée de David) devait servir de guide, de phare, aux autres nations. Pour lui le moment est enfin venu pour que cela se réalise, et il compte bien convertir une majorité de Juifs qui conduira les nations païennes dans le royaume de Dieu17.


Les recommandations minimales alimentaires et sexuelles de Jacques, sont des reprises en résumé du Lévitique (Lv).

- Lv 19.4 parle de se détourner des idoles ce qui paraît naturel (et pourtant... la chrétienté18 ne sera pas exemplaire dans ce domaine)

Les deux écritures suivantes que Jacques choisit étaient des lois que devaient respecter non seulement les israélites mais aussi les étrangers vivant parmi eux.

- Lv 17.10-13 parle de ne pas manger d'animaux contenant le sang

- Lv 18 parle des relations sexuelles contre nature (notamment incestueuses)

Il ne s'agit plus comme pour la circoncision d'une question de Salut, mais d'une question de cohabitation entre juifs et gentils. Pourvu qu'un disciple, né dans le paganisme, tienne ces trois grands interdits, il pourra être reçu dans la compagnie de ses frères nés dans le judaïsme, comme autrefois les étrangers habitant en Israël.


En résumé, Jacques explique que

- l'ouverture aux non-juifs s'accorde avec les paroles des prophètes

- il ne faut pas leur créer de difficultés, mais leur prescrire ce qui convient aux étrangers en Israël

- les juifs eux doivent continuer à observer la loi


Mais qui donc peut bien avoir raison dans tout ça !

Dans la rencontre de Jérusalem on a deux décisions :

- Une décision doctrinale : la circoncision n'est pas indispensable au salut (au moins pour les païens).

- Une décision d'ordre pratique : des prescriptions à suivre, pour permettre la communauté de table entre juifs et gentils. Pour un juif, manger le sang était une occasion de chute.

Ces deux décisions écartent d'emblée les pharisiens : ils ont tort et ils sont déboutés par les autres. Leur position ne relève pas de l'amour mais de la loi. A mon sens Ac 15 nous enseigne que la loi doit se soumettre à l'amour et non l'inverse ! (cf Rm 14.15)


Jacques semble assez ouvert, et sa décision semble sage car elle permet « à moindre frais » à des gentils de côtoyer des juifs. Mais elle pose un problème car elle est centrée sur son expérience limitée à Jérusalem : elle est valable pour une église comme celle de Jérusalem composée d'une écrasante majorité de « judéo-chrétiens », mais elle ne prend pas en compte la possibilité d'une église composée à l'inverse d'une grande majorité de « pagano-chrétiens ». La menace de la division n'est pas n'est pas vraiment écartée.


Pierre lui, dit que Dieu « ne fait aucune différence » (15.9) en se référant à son expérience avec Corneille.


C'est ce que Luc et l'Esprit qui l'inspire veulent dire ici : Jacques ne fait que donner son avis (15.19, 21.25 nous nous avons jugé bon...) contrairement à Pierre qui se lève « par l'Esprit » selon le texte occidental du verset 15.7. Et les anciens de Jérusalem étaient « d'accord avec Pierre » (15.12 toujours selon le texte occidental).


L'histoire (et Dieu qui maîtrise l'histoire) donnera raison à Paul. C'est ce que Luc (ou Dieu, qui inspire donc une sorte de prophétie à Luc) veut montrer. Car il faut garder à l'esprit que Luc écrit aux alentours de 80 ap JC, à une période de séparation entre Judaïsme et Christianisme.


Et le sexe ?
Il est important de noter cependant, que personne ne remet en cause les recommandations sexuelles. On retrouve dans les lettres de Paul, dans celle de Jacques et en 2 Pierre également des recommandations drastiques quand à la pureté sexuelle et plus généralement concernant la maîtrise de son corps.

Il ne s'agit plus là de chercher la communauté de lit comme on cherchait la communauté de table ! La maîtrise de la morale sexuelle est aussi une question d'amour. La fidélité (sexuelle) étant commandée par Dieu dès les premières lignes de la Torah (Genese 2.24). Elle ne fait pas partie d'une loi postérieure, mais d'une loi liée à la création elle-même. Immuable.

Cela se vérifie dans notre monde libéralisé sur cette question, et qui souffre de séparations, divorces et autre problème lié au manque d'amour.


Herméneutique

Actes 15 est un texte bien plus profond qu'il n'y paraît au premier abord.

Il nous enseigne principalement deux choses :


1. Nous devons faire attention au légalisme : le christianisme ne consiste pas à respecter des règles. Notre salut ne dépend pas de notre réussite. Nos actions doivent être motivées par la reconnaissance et l'amour pour Dieu. Ainsi nous ne devons pas nous sentir perdus quand nous ratons, ou nous sentir sauvés si nous réussissons, mais plutôt comme Pierre l'exprime : Ac 15.8-11 : (...) Dieu, qui connaît les cœurs, (...) n'a fait aucune différence entre nous et eux, puisqu'il a purifié leurs cœurs par la foi. (...) Mais c'est par la grâce du Seigneur Jésus que nous croyons être sauvés, de la même manière qu'eux.


2. Nos décisions dans l'Église doivent permettre à chacun de s'épanouir dans la communion fraternelle.
Dans ce passage, Jacques veut que les juifs se sentent bien dans la communion avec les païens et Paul veut que les païens se sentent bien avec les juifs.
Nous devons donc nous adapter selon le principe de Rm 14 à nos frères et sœurs, afin qu'ils se sentent bien dans l'Église. Et non chercher à adapter nos frères et sœurs à l'Église en leur imposant des fardeaux inutiles. Nous devons nous édifier les uns les autres à la ressemblance à Jésus (parfait), et non à la ressemblance à l'Église (imparfaite, même si elle est le corps) !



Notes

1 Le 29 juin, c'est la Saint Pierre Paul. Mis ensemble dans le calendrier.

2 Il est intéressant de noter ce parallèle qui montre comment Paul (et Luc) à reçu l'ordre de Jésus.

3 Repris et adapté d'une expression de François Faure.

4 Selon « Les Métamorphoses » d'Ovide (Poète latin né en 43 av JC et mort en 17 ap JC)

5 Zeus qui est devant la ville = la statue de Zeus à l'entrée de la ville

6 C'est une religion panthéiste

7 A Jérusalem ce n'est pas la peine, il n'y a que des juifs.

8 Dans nos convictions, il y a ce qui touche au salut et qui est de 1èreimportance, et le reste (voir 1Cor 1.10-14, Gal 1.6-9, 1Pi 1.10 etc...). La question soulevée par les pharisiens est donc très importante.

9 Il est intéressant de noter que des débats avaient lieu lors de réunions de L'Église
Traduction de
ou oligos stasis kai suzētēsis = Un vif débat et une violente discussion (SER) ; violente dispute au cours du débat (NBS) ; Un conflit (...), et des discussions assez graves (TOB) ; de l'agitation et une discussion assez vive (JER) ; Une contestation (...) et une grande dispute (DAR).

10 Les hébreux ne sont pas les seuls dans l'antiquité, à pratiquer la circoncision.

11 Je pense que lorsque la bible parle de pasteurs en Eph 4.11, elle parle des anciens en premier lieu qui se concentrent sur l'intérieur de l'Église, alors que les évangélistes (même verset) se concentrent sur l'Extérieur de l'Église.

12 Selon les historiens, il est possible que les descendants « judaisants » aient donné le mouvement Ebionite qui survivra parallèlement aux christianisme de la « Grande Eglise » jusqu'au VIIe siècle, siècle pendant lequel ils participeront à la naissance d'une nouvelle religion : l'Islam.

13 Cette question en Gal 3.1 ainsi que la spécification de quelques-uns de chez nous, auxquels nous n'avions donné aucun ordre en Ac 15.24 montre qu'on ne laissait pas enseigner n'importe qui dans les communautés chrétiennes même les plus primitives. Les judaisants se présentèrent certainement comme venant de chez Jacques afin d'avoir de la légitimité, bien que n'étant pas 100% « jacobien ».

14 Paul aurait certainement détesté ce terme (1Cor 3.4-5).

15 Pour la même discussion, il s'appuiera sur les écritures dans sa lettre destinée aux Galates.

16 Selon une tradition rabbinique, retrouvée dans la mishna, les gentils qui voulaient aimer Dieu devaient suivre sept recommandations issues de l'alliance passée entre Dieu et Noé (interprétation rabbinique du texte de Gn 5 à 9, exemple Gn 9.4 pour ce qui concerne l'abstention du sang). Cette façon de penser devait déjà être en vigueur au 1er siècle même si la mishna es plus tardive;

17 Le martyr de Jacques (frère du Seigneur) probablement entre 62 et 64, est raconté en dehors de la bible dans trois sources : Eusèbe de Césarée qui rapporte des récits de Clément d'Alexandrie, Hégésippe et Flavius Josèphe. Bien qu'ils divergent profondément sur les circonstances de la mort de Jacques, ils sont unanimes à affirmer qu'il fut victime de la haine des juifs, et que peu après Jérusalem fut assiégée puis détruite. L'une de ces histoires mentionne qu'en 62, dans une période où il n'y avait plus de gouverneur romain (entre Felix et Festus) et où la violence montait (à cause des zélotes) Jacques entra dans le saint des saints pour supplier Dieu de pardonner le peuple. Il fut lapidé. Mais sa réputation de « juste » provoqua la chute du grand Prêtre Anân.

18 Notez que je différencie christianisme et chrétienté.

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